Sérotonine de Michel Houellebecq
Comme d'habitude, Michel Houellebecq nous dévoile ici son art de la captation de l'ambiance évanescente du moment. On a tort de lui prêter des ambitions prophétiques, des opinions politiques tranchées, ou des prétentions philosophiques. Il ne fait "que" capter, amplifier et réémettre. Mais il le fait avec génie. Son écriture plate, monocorde, presque lancinante de longueurs et de banalités fulgurantes est comme une couche de fond par dessus laquelle le peintre va immortaliser l'éclat de lumière (ou d'ombre !) qu'il a saisi dans le paysage. Il n'est pas plus responsable de ce qu'il écrit que le peintre n'est responsable de la beauté ou la laideur de son sujet. A travers la descente vers un néant gris et triste de son héros, on est subjugué par la justesse de la description , au delà des mots eux mêmes, du vide accablant qui a fossilisé le moindre de nos désirs, de nos envies, de nos valeurs. Un constat farouche et terrifiant d'un écrivain qui ne renonce pas, paradoxalement, à lutter, avec des mots.
Du lourd.