Le jaune est une belle couleur, c'est celle du soleil, du pissenlit et du métal qui rend les gens fous.
C'est aussi celle du gilet de sécurité.
Aux temps froids, les auvergnats prudents font bien d'un enfiler un par dessus leur pull, car le vent venu de la planèze est traitre : il ne respecte ni les bronches ni les giratoires. C'est pourquoi l'auvergnat en gilet jaune allume des feux. Bien sûr ce n'est pas très bon pour la planète de produire de dioxyde de carbone avec des pneus, des voitures de CRS ou des devantures de Fouquet's, mais quand on a froid, au corps et au cœur, on se réchauffe comme on peut.
L'érudit urbain, lui, se réchauffe autrement, un bon bol de vin chaud en station pyrénéenne ou les étreintes torrides d'un soir lui réchauffent l'âme, le temps d'une journée, avant de retourner régler le monde qui ne va pas bien, à coups de mentons martiaux ou de phrases sibyllines.
Ce petit monde gigote, chacun sur ses modes de frétillement, chacun avec ses manières d'exister.
Mais quand le vin sera tari, que les houris ne danseront plus du fait de l'absence du chat, que les hévéas morts ne donneront plus de caoutchouc pour balles de défense, que les derniers billets auront été transférés dans d'improbables paradis, que le spectacle de l'autorité corrompue et méprisante aura fini de décourager les derniers serviteurs casqués, que va t il rester, sinon des fumerolles qui ne devront rien au volcanisme auvergnat ?
L'hiver vient, et l'auvergnat, peut être plus que d'autres, a l'habitude.