M Train. De Patti Smith.
Après "Just Kids", Patti Smith a écrit une sorte de suite, "M Train", quelques années plus tard.
L'auteure a mûri, de manière complexe, raffinée et tragique.
Ce n'est toujours pas un écrivain au sens habituel du terme, on parcours plutôt une sorte de chronique du quotidien, entremêlée de pensées oniriques ou poétiques.
Robert Mapplethorpe a disparu, englouti dans le tourbillon de ses excès, Fred Smith a disparu, englouti par l'injustice de la vie.
Comme un escargot dont on touche les antennes fragiles, qui soudain se recroquevillent dans la sécurité intérieure de la coquille, Patti Smith s'est réfugiée dans son monde, mais celui ci est riche. Il est fait de voyages, ou plutôt de pèlerinages, sur des lieux et des tombes symboliques, d'écritures plus ou moins spontanées dans son carnet qui ne la quitte jamais, et d'interminables séances d'introspection arrosées de multiples tasses de café dans ses repaires préférés, quelques bars, désespérément rêvés comme solides dans un monde trop mouvant, et qui, eux aussi, finissent par disparaître . Même les photos qu'elle prend de toutes ses visites sont évanescentes et rejoignent la grande famille de ses souvenirs engloutis.
Une immense mélancolie se dégage de ces pages, mais elle se structure progressivement en une création poétique qui m'a subjugué.
Les poètes sont des gens à part, étranges et beaux.

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