Je viens de terminer un gros pavé "Rome, de Romulus à Constantin. Histoire d'une première mondialisation" de Yves Roman.
gros par la taille (550 pages) mais aussi très dense et ardu quant à sa lecture.
C'est un peu comme une thèse, très fouillée, très argumentée, selon laquelle, bien avant l'émergence du capitalisme, tel que la situe Fernand Braudel au moyen âge, il a existé , au sein de l'empire romain, un grand nombre de mécanismes nécessaires à son essor, mécanismes bridés par certains freins.
L'auteur balaie chronologiquement l'évolution de la société romaine, au rythme des grands événements de l'expansion romaine : la conquête éclair de la péninsule italienne, les guerres puniques, l'annexion du monde grec, la guerre des gaules, le basculement de la république à l'empire, la montée du christianisme, les influences orientales et l'effondrement sous les invasions barbares.
Il en discerne diverses composantes qui, selon lui, se sont opposées à une vraie mondialisation, telles que l'attachement exagéré des pères fondateurs romains à des valeurs patrimoniales, telle que la terre, le déséquilibre entre la capitale et les gigantesques provinces asservies, la non-assimilation parfaite de la culture grecque, et le déséquilibre entre les exports romains, faibles, vers un monde sauvage peu enclin a consommer des produits sophistiqués, et l'immense appétit, dopé par l'orientalisme de la fin de la période, pour divers produits exotiques importés. Ceci se soldant par une hémorragie de valeurs (or) vers le reste du monde. Déséquilibre longtemps masqué par l'immensité du marché intérieur, mais inéluctable.
La lecture est difficile, sauf peut être pour un spécialiste, car truffée de nombreuses références, de textes d'auteurs latins, et de citations de confrères spécialistes ou ... concurrents...
J'en retiens une idée brillante et ambitieuse, de l'empire romain vu comme un "proto-monde capitaliste".
Une des composantes n'est peut être pas assez développée, dans l'analyse du fait que cet archéo-capitalisme n'a pu dominer le monde pendant un millénaire que grâce à une main d'oeuvre nombreuse (les esclaves) fournissant gratuitement l'énergie nécessaire au fonctionnement du système.
Aspect abordé, certes, mais peu et discrètement, comme tout économiste ultralibéral, d'ailleurs.
A lire, si vous avez du temps, de la ténacité, du paracétamol.

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