"Les Dieux du verdict"
Visiblement, le commanditaire de Michael Connelly, devant la popularité croissante de son poulain, lui a passé commande de nouveaux romans.
Lors de la négociation du contrat, ce dernier a dû exiger (et obtenir) d’être payé au mot.
On a donc droit, capitalisme oblige, à d’interminables séquences soporifiques, dans lesquelles le héros monte dans sa voiture, s’aperçoit qu’il s’est trompé, en descend, remonte dans la bonne, démarre, s’arrête au feu rouge (description par le menu des piétions qui traversent). Démarre au feu vert, se demande si à cette heure il aura plus vite fait de passer par l’autoroute ou par les petites rues, mais se dit aussi que dans la petite rue il y a un fast-food qui fait les meilleurs hamburgers de tout le pâté de maison, décide de s’y arrêter, hésite devant le choix cornélien et pantagruélique entre deux merdes appétissantes, remonte dans sa voiture, regarde l’heure, se dit qu’il pourrait passer à droite en direction du canyon machin, voir sa fille qui à cette heure ci doit être en train de déguster une merde appétissante au meilleur fast-food du quartier de son école, et que ça lui fait du souci car son ex femme (il faudra qu’il passe la voir ; mais plus tard, quand l’autoroute HighWest 25664462 sera plus dégagée, comme c’est souvent le cas le soir) doit signer les papiers d’allocation d’une mutuelle de santé qui n’y met pas du sien. Mais s’il arrive à temps pour interroger son témoin avant que la partie adverse lui enjoigne par papier bleu de ne pas tenter de la rencontrer, il aura une chance de gagner à la première audience du juge Mac Kelly, juge qui ne pourra décider d’invalider l’audition que si on lui force la main, donc il faudrait qu’il le tope au sortir du meilleur fast-food du quartier, à la fin de son hamburger appétissant, quand il aura l’estomac saturé de graisses du même nom.
Mais pour ça il faut qu’il s’arrête chez Bill, le garagiste de l’avenue 56, pour qu’il lui remette de l’essence car la jauge déconne et il avait pourtant dépensé 45 dollars pour la faire réparer, et il se demande s’il pourra faire passer la somme en note de frais sur le dossier de l’assassinat dont il s’occupe. Mais Bill n’est pas là, il est sûrement, à cette heure ci, au meilleur fast-food de son quartier qui fait les meilleurs hamburgers du coin. Le héros décide alors de faire demi-tour pour se diriger dare-dare vers son bureau, tout en téléphonant à sa secrétaire qui, à cette heure-ci, est dans le meilleur fast-food du quartier, et ne lui réponds pas. Il choisit alors de se risquer sur l’autoroute, malgré les bouchons qui apparaissent à cette heure-ci, après tout il n’a que deux sorties à patienter pour aller s’en jeter un au meilleur bar du quartier, là ou il a ses habitudes, et ou le patron, Bob, pourra lui donner des tuyaux sur les fast-food les meilleurs récemment ouverts dans le quartier… ET ON N’EN FINIT PAS !!!!!
BREF, a l’heure ou Google vient de démontrer qu’une intelligence artificielle est capable de jouer au go, je crois que Michel Connelly vient de démontrer que l’on peut confier à un programme automatique d’écriture sans queue ni tête de pondre des jolis bouquins vides et ennuyeux, pour vous piquer vos sous.
Capitalisme oblige.
Pourtant, du temps où il écrivait encore par lui même, j’aimais bien son Harry Bosch, des débuts.