J'ai toujours été fan de Serge Brussolo.
Je crois qu'on a dit de lui qu'il était un genre littéraire à lui tout seul.
Un style élégant, une imagination totalement délirante, absolue, inclassable, d'une richesse inouïe, une réflexion souvent puissante sur les travers de la société ; on s'apercevait souvent, au fil de la lecture de ses absurdités impressionnantes, de la signification métaphorique de l'histoire insensée dans laquelle il nous avait immergé, avec talent.
Longtemps, seul le cadre, par définition très large, de la Science-Fiction a pu héberger la production abondante de cet auteur particulièrement prolifique.
Comme beaucoup, il a ensuite déserté le genre pour des histoires fantastiques, médiévales ou même des romans pour enfants.
Coup de tonnerre dans la Brussolosphère : deux romans récents : "Frontière barbare" et "Anges de fer, paradis d'acier", à lire ensemble et successivement, semblaient célébrer le retour de cet adepte élégant de l'absurde et de la démesure dans le giron de de la SF.
Je me suis jeté dessus.
Bien sûr on retrouve du Brussolo pur jus, avec des constructions fantasmatiques délirantes, totalement délirantes.
Mais trop ....
L'impression que ça m'a laissé est que durant toutes ces années d’abstinence intellectuelle, la machine à inventer de Serge Brussolo ne s'est pas arrêtée, elle n'avait juste pas de possibilité de s'évacuer. Le cerveau de l'auteur a donc, j'imagine, stocké tout ça, comme une retenue d'eau encaisse en se remplissant la crue provenant de l'amont. Et à un moment donné, il faut bien relarguer le surplus....
"Frontière barbare" et "Anges de fer, paradis d'acier" sont cette rupture de l'embâcle.
Il en résulte, non pas un roman réussi, mais une succession torrentielle, sans trop de queue, ni plus de tête, d'idées puissantes dont chacune aurait pu être la clef de voûte d'un roman Brussolien de la belle époque. L'auteur a du être conscient de ça, puisqu'il tente, par le biais d'un personnage acteur/spectateur constant du récit, de donner une colonne vertébrale à ce dernier, et, vers la fin, de donner un SENS un peu biblique à l'achèvement brutal de l’histoire.
Sans y arriver.
Deux romans, non pas à oublier, non pas à ne pas lire, mais à relativiser au lu de ce que je pense être une explication contextuelle.
Brussolo garde mon admiration, et j'espère vivement que son prochain roman sera , après cette purge violente, brillant et puissant comme l’étaient ses œuvres précédentes.
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