Je ne connaissais pas trop. Bien sûr, quand je tombais par hasard sur une «Une » du journal, je ricanais, à la fois hilare devant tant de transgression, et étonné que « on » laisse faire.
« Quand même ils vont loin ! » ai-je dû penser quelquefois. Sans plus, sans l’ouvrir, sans l’acheter.
Puis il y a eu les évènements que l’on sait.
Il y a eu l’effroi, la colère, l’indignation.
Civiquement parlant, c’était le moins que je puisse faire : je me suis abonné.
A ce moment là je me suis dit, c’est un devoir, une solidarité. Un dû, une (tellement ! ) maigre consolation . Je me suis dit « Que je le lise ou pas n’est pas important. Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites mais gnagnagna …. ». J’ai même poussé la veulerie jusqu’à être « fier ».
Et puis, l’occasion faisant le larron, je l’ai ouvert, je l’ai lu.
J’ai découvert autre chose que ce que je pensais. Des caricatures, du sarcasme, de la transgression bien sûr, mais aussi de la réflexion, des articles de fond, du travail de vrai journaliste. Des émotions exprimées intelligemment. Un souffle d’air, rigolard, certes, mais pur, alors que je me nourrissais l’esprit de miasmes, sérieux certes, mais insipides.
Bref après deux mois, je me dois de rendre hommage au CONTENU de Charlie Hebdo. Un vrai journal ; il n’y en a pas tant d’exemples que ça.
Cette semaine, entre autres, une interview passionnante de Malek Bouthi, on découvre sa vision à la fois lucide et humaniste, sans concession et sans renoncement, sur ce qui nous arrive. Il y a bien longtemps qu’un homme politique ne m’avait pas intéressé comme ça.