de Michel Houellebecq
J'ai fini de le lire.
Disons tout de suite que je trouve absolument pathétique le procès en sorcellerie que quelques ignares bien-pensants lui ont fait. C'est leur hystérie d'autruche (la même que la diffamation envers Eric Zemmour) qui nous amène précisément à des situations telles que celle qui initie le roman, a savoir la disparition des partis républicains du jeu électoral démocratique.
Ce livre n'est PAS islamophobe. Ce n'est qu'un roman, Houellebecq a juste "exploré un possible" et non pas "décrit un probable".
Il décrit un enchaînement de circonstances précises (toutes possibles, mais pas forcément probables) dont la succession finit par amener un fin politique musulman au pouvoir.
Le héros houellebecquien, toujours aussi désespéré, est évidemment un observateur de choix de la déliquescence de la société républicaine, et finit lui aussi par renoncer à sa liberté d'être humain pour se soumettre (d'où le titre) au nouveau système.
Son dernier refuge sera une sorte d'état second, d'onirisme, évoqué au conditionnel (j'ai trouvé cet effet de style GÉNIAL), avec lequel il tente en dernier recours de créer une distance entre la réalité et ce qu'il va vivre, inéluctablement.
Encore un grand roman, audacieux et triste. J'ai adoré.
Il me vient une analogie à l'esprit. La "planche de Galton".
Il s'agit d'un dispositif ou des boules tombent verticalement le long d'une planche parsemée régulièrement de clous. Chaque rebond sur un clou, et donc choix "gauche ou droite", amène une trajectoire chaotique de la boule, qui finit par tomber en bas, dans un réceptacle. Plus le réceptacle est éloigné de l'axe vertical d'où la boule surgit, en haut du dispositif, plus il se remplit lentement.
Avec un grand nombre de boules, le niveau de remplissage de chaque réceptacle finit par donner une courbe de Gauss,
représentative de ce qu'on appelle en statistique la "loi normale".
Au centre, le résultat le plus fréquent, aux extrêmes les cas les plus rares.
une animation ici
Finalement, Houllebecq , en choisissant dans notre politique actuelle un enchaînement d'événements particuliers (équivalents aux clous) a exploré un des cas extrêmes.
Peut on lui faire grief d'avoir raconté, avec talent, un possible rare ?
Doit on benoîtement ingurgiter SEULEMENT les analyses convenues des journalistes, qui nous racontent des probables rassurants ?
A vous de voir.