Acte 1 :
Les experts du gouvernement produisent un rapport à destination du gouvernement, sur la croissance du pays l’année prochaine.
Ce sont des experts, des techniciens, pas des politiques.
Le chiffre est faible.
Mettons 0.5 % pour fixer les idées.
Ce rapport est confidentiel, non rendu public.
Acte 2 :
Le gouvernement, déjà encombré par « la crise », « la Grèce », « les subprimes » et autres soucis, est, depuis quelques semaines, sommé par les agences de notation de donner un tour de vis au pays, faute de quoi, le « AAA » sauterait.
Acte 3 :
Le gouvernement, contraint, donne un tour de vis, « mais pas trop », juste ce que l’on peut encaisser, en déclarant baser ses calculs sur une croissance espérée, forte. Mettons 3 % pour fixer les idées. Ceci est rendu public.
Acte 4 :
Les journalistes, experts financiers privés, voient bien que ce taux est irréaliste. Certains vont même jusqu’à questionner le gouvernement, dans quelques émissions politiques. Rien, n’y fait, la langue de bois tient bon .
"halte au défaitisme..."
"nous avons les atouts pour..."
"j'ai confiance en notre économie..."
[…] le temps passe
Acte 5 :
Plus l’échéance de l’année prochaine approche, plus il devient évident qu’on sera plus proche de 0.5% que de 3%. Le gouvernement le sait depuis le début, mais fait semblant, l’air contrarié, de le découvrir, avec de belles phrases soucieuses telles que :
« si la croissance n’est pas au rendez vous… »
« il va falloir se résoudre a considérer que … »
« tant que la crise sera là… »
« la reprise se fait attendre… »
Etc …
Acte 6 :
Ca y est l’opinion du bon peuple est mûre : on va pouvoir donner le tour de vis nécessaire, piquer des retraites, des jours de congés, des remboursements de sécu, MAIS C’EST PAS NOTRE FAUTE.
La crise est plus forte que ce qu’on avait prévu.
La politique, c’est ça.
Je considère comme un DEVOIR CIVIQUE de ne pas voter.