Hasard de la vie, peut être paresse intellectuelle, ou
contraintes d’une vie compliquée qui m’empêche de lire autant que je le
voudrais, je n’avais jamais lu le moindre ouvrage d’Amélie Nothomb.
Bien sûr les errances du zapping à la télé ou du surf sur le
net m’avaient fait connaître sa tronche d’évaporée, ses chapeaux extravagants,
son maquillage soigneusement décalé et ses airs hautains et distanciés. Mais
bref je n’avais jamais rien lu d’elle.
Voilà qui est fait, j’ai lu « Une forme de vie »
son dernier ouvrage.
Je vais donc donner un avis vierge de tout passé, sans a
priori, mais probablement totalement à côté de la plaque, ne connaissant pas du
tout son historique littéraire.
D’abord il y a du talent « technique ». On sait
utiliser les mots, en faire des phrases plutôt élégantes, les décorer (juste un
peu, juste ce qu’il faut) de mots savants comme on sème des cerises confites
sur une crème chantilly trop monochrome.
Le tout est plaisant, et se dévore comme un dessert trop
sucré que l’on n’arrive pas à modérer.
Ensuite tout ça est un subtil décorticage de son propre
mental, l’intrigue du sujet (y a-t-il une intrigue ?) étant finalement
secondaire.
J‘aime beaucoup découvrir, au fil des pages, le combat entre
l’envie d’en dire plus sur ce que l’on est vraiment soi-même, et l’autocontrôle
féroce, blindé, à l’épreuve d’à peu près tout, qui dirige d’une main de fer le
récit. Ca me rappelle quelqu’un que je connais bien.
Il va bien falloir que je parle du livre !
Il s’agit d’échanges épistolaires entre l’héroïne (A.N.) et
un étrange G.I. obèse en Irak qui a eu l’heur de retenir son attention dans l’immense
tas quotidien de courrier que A.N. se targue de recevoir.
Je ne déflorerai pas le sujet, mais on a du mal à discerner,
dans l’échange des lettres, entrecoupé de réflexions imbues d’autosatisfaction,
le thème.
Obésité ? Guerre en Irak ? Apparence et réalité ?
Réflexions sur l’art ?
En fait peu importe. L’échange débouchera sur une PRESQUE « mise
en danger » de A.N. mais finalement, la carapace aura le dernier mot, la
fuite salvatrice et exonérante de toute responsabilité remettra les choses à
leur place, douillettement.
Vraiment très bien écrit (de bons mots, élégants et fins, et
même une envolée délirante qui m’a rappelé Brussolo, ce qui, pour ceux qui me
connaissent, est une véritable référence), mais il faut lire entre les lignes,
discerner la forme du fond apparent, et de la sous couche quasiment
psychanalytique.
Je vais relire du Nothomb, c’est sûr.
Peut être changerai-je d’avis ?
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